La réforme des retraites est entrée en vigueur à l’automne 2023. Elle porte progressivement l’âge “légal” de départ de 62 à 64 ans. Mais cela ne change rien à la nécessité de bien anticiper, penser et préparer son départ à la retraite, selon chaque situation.
Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts-de-France, revient dans cet article sur les différentes hypothèses possibles, et les choix à faire afin d’adopter la bonne stratégie.
—Petit rappel
Le montant de la retraite est fonction de plusieurs facteurs, dont les principaux sont :
- l’âge légal, passé de 62 à 64 ans dans la réforme, pour les personnes nées à partir de 1968,
- le nombre de trimestres cotisés (172 trimestres minimum pour les personnes nées à partir de 1968).
En dessous de ces seuils, des décotes sur le montant de la pension seront opérés. Voir notre article Le projet de réforme des retraites 2023
Cependant, il est tout à fait possible d’anticiper son départ à la retraite. De même que l’on peut aussi, lorsqu’on n’a pas l’âge ou le nombre de trimestres nécessaires, continuer à travailler afin d’obtenir les trimestres manquants, et de percevoir sa retraite à taux plein.
Il peut s’agir de quelques trimestres, ou bien d’attendre 67 ans révolus et l’attribution automatique de la retraite à taux plein. (Et ce, même si les 172 trimestres n’ont pas été acquis durant la carrière professionnelle).
Ainsi, selon le choix et la situation de chacun, deux possibilités se présentent : réduire la voilure ou prolonger sa période travaillée et se rapprocher du taux plein.
—Réduire la voilure
La retraite progressive
La retraite progressive est un arrêt d’activité en douceur 2 ans avant l’âge légal, soit 62 ans, sous réserve d’avoir cotisé un minimum de 150 trimestres. Ce dispositif permet :
- de travailler à temps partiel,
- et de percevoir une partie de sa pension de retraite de base et complémentaire,
et ce, jusqu’à l’âge légal.
La personne continue à cotiser pour sa retraite. L’activité salariée doit être comprise entre 40% et 80% (entre entre 50% et 90% pour les fonctionnaires) et permet ainsi de « lever le pied ». Le complément est assuré par la perception de la pension de retraite.
De cette manière, le salarié peut continuer à cotiser pour obtenir le nombre de trimestres requis. Voir notre article La retraite progressive.
La retraite progressive aura des conséquences sur le montant final de la pension :
- L’impact sur la retraite de base sera faible dans la mesure où l’on tient compte des 25 meilleures années.
- L’impact sera plus important pour la retraite complémentaire, puisque c’est le nombre de points acquis qui importe.
- La pension versée est proportionnelle au temps partiel, et égale à : Rente entière * (100% – (quotité de travail à temps partiel/ durée légale applicable dans l’entreprise).
Cas particulier du dirigeant d’entreprise
Le dirigeant d’entreprise a la possibilité de moduler sa rémunération. Dans l’hypothèse où il souhaiterait arrêter de travailler avant ses 64 ans, et dans l’hypothèse où sa société dispose, soit de liquidités, soit d’actifs procurant des revenus, il peut envisager de piloter sa rémunération, et décider d’une rémunération proche de 10 000 € par an). Ce montant correspond au minimum demandé par la Sécurité sociale, augmenté de la taxe PUMa.
Pour valider 4 trimestres, il faut en effet avoir perçu une rémunération de 6 800 € sur l’année (en une fois ou sur les 12 mois), auxquels s’ajoute la taxe PUMa (Protection Universelle Maladie), qui s’applique si les revenus d’activité professionnelle, salariés ou non, sont inférieurs à 20% du PASS (Plafond Annuel de la Sécurité Sociale), soit 20% de 46 368 € en 2024, ce qui donne un seuil de 9 273,6 € net imposable.
Instaurée pour financer la Protection Universelle Maladie (PUMa), et mise en place le 1er janvier 2016, ce régime remplace la Couverture Maladie Universelle (CMU) et assure à toute personne résidant de manière stable et régulière en France la prise en charge de ses frais de santé, sans condition de revenu ou d’activité professionnelle.
Cette rémunération lui permettra d’obtenir le nombre de trimestres nécessaires (172 trimestres, voire plus, afin d’augmenter le montant de sa pension :
- L’impact au niveau de sa pension de retraite de base serait faible dans la mesure où celle-ci tient compte des 25 meilleures années.
- L’impact serait effectif sur la retraite complémentaire, puisqu’ici, c’est le nombre de points acquis qui importe.
Là encore, des nuances peuvent être apportées dans la mesure où :
- l’intéressé peut bénéficier d’une majoration des retraites de base et complémentaire à partir de 3 enfants élevés, ou encore de racheter des trimestres, etc.
—Obtention du taux plein et au-delà
Dans l’hypothèse où le montant estimé de la retraite à l’âge légal n’est pas suffisant, il est possible de continuer à travailler jusqu’à obtenir le taux plein, voire aller au delà, et augmenter significativement le montant de la pension :
Travailler plus longtemps
Dans ce cas, et en fonction de sa situation personnelle, le salarié peut :
- viser les 172 trimestres en continuant à travailler quelques mois supplémentaires, et partir avant 67 ans,
- travailler jusque 67 ans. C’est en effet l’âge du taux plein automatique, que l’on ait ou non cotisé aux fameux 172 trimestres. Ce peut être une option en cas de carrière « fragmentée ».
Racheter des trimestres
Cette autre option réside dans la possibilité de pouvoir racheter des trimestres manquants au titre des années d’études ou au titre d’années incomplètes (rémunération minimum non acquise pour valider un trimestre par exemple). Voir nos articles :
—Cumuler emploi et retraite
Il existe deux dispositifs, selon que la personne dispose ou non de tous ses trimestres.
Le dispositif plafonné : quand la personne a l’âge légal mais pas tous ses trimestres :
- Pas le droit de travailler pour l’ancien employeur, ni même pour sa propre entreprise pendant une durée de 6 mois,
- Montant de retraite “décoté”, et plafonnement des revenus :
- Retraite de base : le revenu professionnel et le total des pensions (base et complémentaire) doit être inférieur à la moyenne des 3 derniers mois ou 160% du SMIC sur la base de 1 820 h/an.
- Retraite complémentaire : les revenus issus de la reprise d’activité additionnés aux retraites complémentaire ne doivent pas dépasser le plus grand des éléments suivants :
- Dernier salaire “normal” d’activité (hors IFC, hors prime exceptionnelle)
- Salaire moyen des 10 dernières années d’activité
- —> Le dépassement entraîne la suppression de la retraite complémentaire pendant un an.
- Montant de retraite “décoté”, et plafonnement des revenus :
Le dispositif libéralisé : quand la personne a l’âge légal et ses 172 trimestres validés,
- Cela permet de cumuler 100% de sa retraite et l’ensemble des revenus professionnels
- Le dirigeant d’entreprise qui prend sa retraite peut garder sa fonction,
- Il n’y a pas de délai de carence
Des simulations chiffrées sont bien entendu indispensables pour en vérifier l’impact au niveau des retraites de base et complémentaire. Les simulations mettront également en avant l’opportunité d’avoir recours à cette dernière hypothèse. N’hésitez pas à vous rapprocher de nos experts en gestion patrimoniale !
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